Mesdames, Messieurs,

Nous nous retrouvons là, ce matin, comme tous les 8 mai et 11 novembre, devant ce monument qui a été inauguré, devant une foule considérable, le 18 juin 1922.

Une foule qui, à ce moment là, était persuadée que le cataclysme qui s’était abattu sur l’humanité de 1914 à 1918, représentait vraiment la der des der !

Malheureusement, on en était loin, et les conditions du traité de Versailles, en particulier les exigences exorbitantes de la France, exsangue, vis-à-vis de l’Allemagne, et le traité du Trianon qui va redessiner la carte de l’Europe centrale et orientale, vont favoriser la montée des nationalismes et l’avènement de Hitler en Allemagne. Une situation qui va faire dire à certains protagonistes qu’il s’agit, non d’un traité de paix, mais d’un armistice de 20 ans. La deuxième guerre mondiale sera effectivement au bout du chemin.

Finalement, avec un peu de recul, on se rend compte que nos aînés ont subi une période d’instabilité majeure pendant 75 ans. Une période qui va être jalonnée de trois guerres, une période pendant laquelle un facteur incontournable des hostilités va se cristalliser autour de l’affrontement franco-allemand !

Cette sombre période de l’histoire du continent débute en 1870 avec la guerre franco-prussienne. Si l’élément déclencheur de la guerre réside dans un fait diplomatique presque anecdotique, la fameuse dépêche d’Ems, c’est bien la lutte d’influence entre l’empire français et le futur empire allemand qui est au cœur du conflit.

En 1914, c’est la poudrière des Balkans qui, à travers un réseau d’entente et de traités entre états, va entraîner le continent dans une véritable catastrophe avec ses 18 millions de morts et ses 20 millions de blessés. Mais en arrière-plan c’est bien, à nouveau, la rivalité franco-allemande, ou plus précisément les rivalités coloniales entre la France, l’Allemagne et l’Angleterre qui vont être un des ferments de l’instabilité qui va favoriser le conflit.

Et puis, il a y eu, en 1939, la deuxième guerre mondiale, un nouveau cataclysme.

Pour l’Alsace-Moselle, ces 75 ans ont été 75 ans de drames et de déchirements.

D’abord, lors de l’annexion au Reich Allemand, en 1871, avec une population et des familles déchirées, entre une petite minorité qui optera pour la France, et ceux qui subiront le rattachement à l’Allemagne puis se mobiliseront pour donner au Reichsland une certaine place au sein de l’empire Allemand. Un premier pas se concrétisera d’ailleurs en 1911.

Ensuite, lors de la déclaration de guerre en 1914 lorsque les jeunes alsaciens, qui sont de fait allemands depuis 43 ans, iront tout naturellement à la guerre sous l’uniforme allemand.

Puis pendant la guerre, lorsque l’Allemagne se méfiera de la population alsacienne en décrétant la dictature militaire tout en envoyant les soldats alsaciens sur le front de l’Est, et qu’une pareille méfiance s’installera du côté français qui ira jusqu’à l’internement.

Ensuite lors du retour à la France en 1918, lorsqu’à l’allégresse et à l’accueil enthousiaste des troupes françaises vont  rapidement succéder l’incompréhension et les difficultés liées aux fortes divergences entre la France et l’Allemagne sur le plan social, économique, politique et religieux.

Et enfin, en 1939, lorsque la chape de plomb du totalitarisme s’abattra sur l’Alsace-Moselle avec, notamment, le drame des malgré-nous.

Oui, au vu de cette histoire dramatique, l’Alsace est certainement la mieux placée pour mesurer combien la relation franco-allemande est fondamentale, centrale, pour construire une Europe de paix et de progrès.

Et si à ces 75 ans de drames et de déchirements ont pu succéder 75 ans de paix et d’intégration européenne c’est bien grâce à la réconciliation franco-allemande initiée par Charles De Gaulle et Konrad Adenauer dans le cadre du traité de l’Elysée de 1963, et qui vient d’être prolongé, en janvier dernier, par le traité d’Aix-la-Chapelle signé par Emmanuel Macron et Angela Merkel.

Une relation poursuivie par tous les Présidents français et tous les Chanceliers allemands quelle que soit leur famille politique.

Une relation très symboliquement concrétisée par l’implantation du parlement européen à Strasbourg.

Une relation qu’il nous appartient de défendre au service de l’Europe et de la paix ! Car rien n’est jamais gagné : il suffit de voir l’avancée des forces populistes en Europe !

 Vive la République, vive la France, vive l’Europe !!!


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